David Lan-Bar vu par … Gina Lidji-Schlisseman |
Parmi les peintres israéliens vivant à Paris, Lan-Bar est peut-être un des plus doués : en tous cas incontestablement l’un des plus authentiques. Pour ceux qui le connaissent, amusés parfois de ses enthousiasmes, généreux et de bon aloi quand il s'agit de la peinture des autres, ils demeurent frappés par son refus de toutes concessions et de toutes complaisances quand il s'agit de la sienne. Sa dernière exposition en fournit, s'il était nécessaire, un nouveau témoignage (1). La véritable œuvre d'art est celle qui laisse dans l'esprit un sentiment de plénitude et d'achevé. A cet égard les toiles de Lan-Bar peuvent satisfaire les plus difficiles, les plus attentifs. On y retrouve avec ses œuvres antérieures une admirable continuité qui n'est pas un manque de renouvellement, mais au contraire l'affirmation permanente d'une personnalité qui semble avoir atteint maintenant son plein épanouissement. Il a plus que jamais le sens des rapports de tons et se joue des difficultés qu'il suscite lui-même en couvrant ses toiles de thèmes plus riches aux variations multiples. II faut avoir vu, et par là même aimé, ses tableaux aux dominantes grises et blanches harmonieusement intégrées, ou certaines «représentations» tissées sur fond rouge et dont les mouvements nous guident par des voies subtiles dans le domaine inépuisable de l'abstrait. Il est possible que les peintres juifs, formés à certaines disciplines de l'esprit aient été plus aisément conduits à ce refus du formel, aboutissement logique de cette lente évolution qui après avoir brisé la représentation de l'objet, dissocié ses éléments, tente d'aller au-delà et d'appréhender son essence constitutive. En tous cas, Lan-Bar y réussit parfaitement, mais non par des moyens trop aisément superficiels. Sa peinture a la qualité des œuvres longuement pensées et mûries, lentement élaborées, et révèle ce qu'il est : un artiste véritable et sincère. Gina Lidji-Schlisseman (1) Galerie de l’Art Vivant – 72 bd Raspail, Paris. |